Elsa Alexander

L’enfance, on passe tous par là.



Toute histoire de vie commence par la naissance. Elsa Alexander est née dans une campagne située au nord de l’Allemagne un 26 décembre 1898, le lendemain de Noël. L’air était doux et on disait que l’enfant serait une enfant très sage. La vieille du village avait de drôles de croyances. Elle sera la cinquième enfant d’une famille de dix. La seule fille d’ailleurs. La première et la dernière fille de la famille. Toute petite elle fut entourée de ses frères, ceux-ci la protégeant le plus possible. Elsa restera douce et tranquille et ne deviendra pas garçon manqué. La petite fille resta auprès de sa mère alors que ses frères allèrent aux champs avec leur père. Elsa apprit à repriser, faire de la nourriture, nourrir les poules… bref tout ce qu’une femme d’un fermier doit savoir faire. Les seules autres femmes qui entouraient notre protagoniste furent sa mère et les servantes. Elle apprit aussi à lire à écrire et à compter. Elle vivait une vie simple et elle adorait bien ce mode de vie. La nuit avant de s’endormir elle demandait souvent à sa maman si elle pouvait rester longtemps une enfant et sa mère lui répondait toujours : « tu le resteras dans ton cœur tant que tu le voudras… » Sa vie se déroula normalement, à chacun de ses anniversaires on lui offrait une nouvelle poupée, c’était toujours la même routine, mais Elsa s’en contentait, elle aimait bien les poupées de toute façon. Les saisons se succédèrent…. Elsa jouait avec les enfants des voisins même si les voisins n’étaient pas à la porte d’a côté si on peut se permettre cette expression-ci. Le ruisseau de l’enfance continua jusqu'à ce que la vie d’Elsa coule jusque dans les rapides.



Le moment où l’on sait… que l’enfance est terminé.



Il arrive un jour où chaque enfant comprend ce que veut dire la mort. Que la personne défunte n’est pas partie faire un grand voyage, mais qu’elle est bien morte. La mort, ce si sinistre mot qui fend le cœur en morceau et qui le rend si fragile par la suite… La mort apporte une faiblesse au cœur de plus à chaque fois. C’est en 1909, alors que sa mère mettait au monde le dernier poupon de la famille que celle-ci mourut au bout de son sang. À l’âge de 11 ans, Elsa devint alors une adulte. Étant la première fille dans la famille, la seule d’ailleurs, c’est elle qui hérita des tâches ménagères et du rôle de « mère » pour les plus jeunes. L’enfance n’était plus. Elsa ne courrait plus après les papillons pendant que les garçons étaient aux champs, la jeune fille faisait maintenant la nourriture, nettoyait et tenait la maison du mieux qu’elle pouvait. Elle eut du mal dès les premiers temps. Elle ne remerciera jamais assez les servantes qui l’épaulèrent dans sa tâche. Elsa avait enfin compris que sa mère ne reviendrai pas. La mort est une chose qui ne devrait pas exister, car celle-ci empoisonne les cœurs des petites filles et des petits garçons qui subissent ces châtiments. Chacune de ses nuits était hantée par les cris horrifiants de sa mère avant de mourir. Des cris déchirants qui ne furent point dissipés par les horreurs de la guerre. Guerre à laquelle jamais elle n’aurait pensé y participer. Pour elle, elle élèverait ses frères et sœurs plus jeunes, elle se marierait, aurait des enfants elle aussi et elle souhaitait les voir grandir et non mourir en couche comme sa mère. Cet incident fit par contre naître le désir de devenir une soignante. Une personne qui sauverait des vies. Elle alla voir le pasteur et celui-ci la dirigea vers une religieuse qui la prit sous son aile.



Vol sous l’aile de la religion…


Deux après-midi par semaine et toute la journée du dimanche, Elsa suivait cette dame qui lui montra tout ce qu’elle savait. C’est durant cette période qu’Elsa découvrit que ses mains moites servaient à quelques choses… du moins, pas seulement à écoeurer les gens qui lui prenaient les mains. Elles avaient toujours la fâcheuse manie d’être humides comme s’il faisait super chaud dehors même si la température n’était que très peu élevée. D'ailleurs, elle avait pris l’habitude de toujours porter des gants. C’est avec ses pratiques avec la religieuse Sœur Florence Baumann que cette dernière déclara à la jeune fille qu’elle avait un don. C’était un don du ciel. En effet, les soins prodigués par la jeune Alexander guérissaient plus vite que si les soins avaient été prodigués par Sœur Florence. Ceci n’était pas de la magie ni de la sorcellerie. Selon Sœur Florence c’était probablement divin, un don que Dieu lui avait donné. Il fallait cependant payer pour un cadeau aussi précieux; c’était probablement pour cette raison que les mains d’Elsa étaient si moites. C’était pour cela que tout ceci fit son chemin dans le village natal d’Elsa et celle-ci fut souvent quémandée avec sœur Florence. De la simple coupure à la hanche cassée par une chute de cheval toutes deux étaient demandées pour assistance. Au fur et à mesure, Elsa prenait de l’assurance. Graduellement, Sœur Florence la laissa aller par elle-même… Et un jour on la reconnut comme véritable soignante même si elle n’était pas religieuse

Un jour c’est le cœur qui prend son envol…


Un jour de brume et de bruine, un jeune homme arrivèrent en courant chez les Alexander. Nous étions un jour de janvier 1914. Il faisait froid dehors et la servante qui ouvrit la porte au malheureux le fit entrer très rapidement. Cela prit un certain moment avant que celui-ci ne reprît son souffle. Après avoir pris deux gorgées de chocolat chaud tendu par Elsa , il répondit alors que son maitre était tombé en bas de l’échelle du grenier et on réclamait l’aide de la jeune femme. Elsa grimpa à l’étage, prit une couverture chaude et s’emmitoufla dedans. Elle descendit rejoindre le jeune homme et ils coururent vers le blessé.

Elsa passe plusieurs jours chez le maître du jeune palefrenier qui était venu la quérir. L’homme en question était dans le début de la vingtaine son nom était Philipp Damian. Normalement, elle ne restait pas longtemps avec ses patients, mais Elsa était devenue amoureuse de ce bel homme. Celui-ci sembla aussi tomber sous le charme de la jeune fille. Le cœur s’enflamme et la blessure guérit très vite. Ils commencèrent par se fréquenter en secret et tout le printemps Philipp courtisa sa belle Elsa. Tout l’été, les deux tourtereaux continuèrent de se voir, mais vers le mois de juillet le beau Philipp, un soldat dans la marine allemande, demanda la main de sa belle. Des rumeurs disaient qu’ils partiraient en guerre. Il n’était pas question qu’il ne soit pas marié à la fille qu’il aimait le plus au monde.

Le mariage fut le plus beau qu’Elsa aurait pu rêver. Le plus magique, rempli de fleurs, de mille vœux et surtout de mille et un rêve.



On appelle ceci une tragédie.


Comme la rumeur le disait, la guerre fut déclarée. Plus précisément le 14 août 1914. Le bonheur des nouveaux mariés fut rapidement écourté. Son Roméo du partir pour la guerre que trop rapidement. Avant de partir, il lui donna un cadeau magnifique… une sorte de cadeau d’adieu au fond. Savait-il qu’il allait mourir en guerre? Ce collier était fait d’une pierre en guise de pendentif de couleur bleue rappelant ainsi la mer, là où son amour était, à sa porteuse.

S’informant chaque jour et retenant son souffle chaque seconde, la jeune Elsa continuait ses études avec la religieuse. Son but, être autonome à la fin de cette guerre pour permettre à son mari de prendre sa retraite de l’armée. L’attente ne fut pas très longue. On dit que la marine allemande fut rapidement coulée, le bateau de Phillip n’ayant pas été épargné. Si tôt marié et si tôt veuve. La nouvelle renversa tout le monde au village et la jeune fille sombra dans une dépression. La douleur était si vive qu’elle ne désirait plus vivre elle-même. Sœur Florence était encore présente dans la vie de la jeune Elsa et ce fut pour le mieux. Elle emmena la jeune veuve à l’église et la garda le temps qu’elle y fasse son deuil. Lui disant qu’il l’a regardait d’en haut. Le collier de Phillip ne quitta plus son cou. Elle voulait à jamais se rappeler de cet homme si gentil et si aimant.



Pour Phillip


Pour son cher mari décédé, Elsa termina bien rapidement ses études auprès de la religieuse et dès qu’elle put elle s’enrôla dans l’armée comme soignante. Pour faire honneur à sa mémoire, elle tentera de sauver les hommes d’une mort certaine. Son don serait probablement mis à l’épreuve dans ce genre de situation. Elle partit donc de son village pour rejoindre les rangs allemands en 1916. Ce qu’elle vit la marqua à vie. Des gens souffrant et hurlant et elle courant que pour leur servir à manger et de l’eau… rien de plus… Dès qu’elle pouvait, elle calmait leur souffrance de ses mains, mais sans que les plus anciennes ne la remarquent, car elle n’avait pas le droit, elle était encore assistante… Durant la nuit elle se réveillait en sursaut, hurlant le nom de son défunt mari… Allait-elle un jour se remettre de cette tragédie? Parmi ses patients plusieurs étaient mal en point, dont un homme assez bien gradé qui vint au centre de soin entre la vie et la mort… Une balle logée dans son cerveau. Impossible d’aller la chercher. Encore plus bizarre il se réveilla. Ce fut Elsa qui fut assignée à son chevet. Elle lui rendit le plus possible la vie facile, faisant de son mieux. Pauvre homme, il ne verra plus de cet œil où la balle avait passé. Il y avait aussi un prisonnier de guerre qui fut de leur côté 2 ans… elle dût le nourrir elle aussi, un homme qui lui sauva la peau un peu plus tard. Sa maigre connaissance en anglais l’aida énormément, merci Sœur Florence pour ce coup de pouce.



Après la guerre… les séquelles et une nouvelle vie..



Lorsque la guerre se termina, Elsa retourna voir son village natal, plusieurs de ses frères étaient morts au combat et le village était dévasté… Elle se recueillit auprès de Sœur Florence et elles discutèrent longuement. Pendant plusieurs jours, Elsa allait se réfugier à l’église, car elle ne pouvait endurer toute cette tristesse. Tranquillement le spectre de la mort de Phillip revint la hanter et les cicatrices émotionnelles de la guerre firent surface et c’est à ce moment que Sœur Florence découvrit son trouble panique. Elle aida Elsa à plier valise. Elle devait quitter l’Allemagne et se refaire une vie ailleurs. C’est ainsi qu’elle parti pour aboutir à Woodhill en Écosse. Elle rencontra finalement le prisonnier dont elle s’était occupée et ils se lièrent d’amitié. Lorsqu’il devint maire, il l’a choisie pour la justesse de ses conseils comme conseillère.