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Sans précaution [Moira & Kyle]

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Message  Aloïs Necker Dim 31 Mai - 22:57

- Lien musical -

    Huit heures, et la danse des domestique était déjà commencée depuis plus de deux heures au manoir MacGee. Enfin c'était plutôt quelque chose comme un charmant mélange de valse et de champ de guerre à vrai dire, dont Aloïs était le commandant en Chef, en sa qualité de majordome. C'était lui qui habituellement se levait le plus tôt, prenant un plaisir presque malsain à aller réveiller ses gens en poussant quelques éclats de voix bien sentis ou encore en tapant avec des ustensiles de cuisine sur des casseroles dérobées en cuisine. C'était toujours un grand amusement pour le badin majordome, qui, tout guilleret d'ennuyer les Maid et Serviteurs à ses ordres, se pliait à ce bruyant rituel tout les matins. Avec le même petit plaisir cruel, mais pas si méchant, dans le fond. Ou pas?

    Aloïs avait fait son premier travail. Il contrôla ensuite les tenues des domestiques, leur distribua leurs tâches de la matinée et leur commanda le menu du déjeuner, avant de de monter à l'étage. Il ouvrit, comme chaque matin de printemps et d'été où il faisait beau, la grande fenêtre de la salle de musique en grand. L'air frais du printemps lui seyait bien, et il l'huma avec un délice consommé, lentement, en prenant tout son temps. Puis, comme prit d'une douce folie, le castrat sentit qu'il devait expirer mélodieusement l'air qu'il venait d'inspirer. Les domestiques étaient au travail; la plupart des résidents vaquaient à leurs occupations diverses et variées et Milord et Milady étaient surement occupés. c'était le moment idéal pour faire un peu chauffer ses cordes vocales.

    Et sa voix de Rossignol se mit à trembler dans un trémollo caractéristique du Barbier de Séville, une comédie en quatre actes de Beaumarchais, qui inspira un opéra de Paisiello d'abord, de Gioacchino Rossini ensuite : Il barbiere di Siviglia. Sa voix de Contrealto, équivalent masculin de la soprano lyrique — soprano lirico en italien — s'emporta de manière agile et puissante, avec plus de force qu'une chanteuse Soprano léger de Violetta dans La Traviata de Verdi, mais bien moins lourde qu'une Soprano dramatique, comme Brünnhilde dans La Walkyrie de Wagner. Sa voix était étrange mais merveilleuse, non pas féminine, a qui avait l'oreille fine, mais entre l'enfant et l'adulte, aigu mais masculine, si on écoutait bien. Cependant sa capacité thoracique impressionnante donnaient souvent aux gens incultes l'impression qu'il chantait avec une voix de femme. Mais le Suisse n'en avait cure.

    Aloïs, il chantait sans se soucier du reste, des gens qui passeraient, qui le regarderaient ou l'écouteraient, de de leurs réaction. Le velours de sa voix tout à fait particulière, travaillée, l'enchantait lui-même comme un sortilège dont il ne pouvait pas sortir. Le majordome était certes un homme étrange, enfermé dans ses marottes, subjugué parfois par son propre chant de manière outrancièrement narcissique, mais il avait tout d'un grand Divo, rang qu'il avait jadis eut à l'Opéra de Genève sans que personne ici, dans ce trou perdu au fin fond de l'Écosse, ne le sache. L'homme disposait d'une voix exceptionnelle : il était Castrat, le plus beau des Contre-Alto, et était capable d'une impulsion virtuose apte à réaliser de périlleuses vocalises au sein d'un répertoire richement orné : trilles, arpèges, notes piquées...

    Puisque son rêve de toujours avait été de jouer le rôle de La Reine de la Nuit dans La Flûte enchantée de Mozart. Mais pour le moment, Aloïs n'avait que le barbier à la bouche, à l'esprit.

    Le Barbier de Séville ou la Précaution Inutile.

    Le majordome n'en prit aucune, utile ou inutile, sa silhouette raide et filiforme au milieu de la salle de musique, les yeux fermés.


Dernière édition par Aloïs Necker le Mar 2 Juin - 3:40, édité 1 fois
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Message  Moira Carron Lun 1 Juin - 13:54

*toussotte* Je m'invite donc, et sans te demander ton avis (non mais !) et si quelqu'un est pas content,... Ben il est pas content !
[First Post]


Moira Carron avait mal dormi. Un peu trop de cauchemars en une seule nuit. Un peu trop de courbatures après une excursion dans les bois. Elle avait eut la malchance de glisser et de se fouler une cheville, rentrant seule en claudiquant, son chat sur ses talons. Par chance, le matin avait révélé que sa cheville n'était pas trop gonflée et qu'elle pouvait marcher, bien qu'avec un peu de raideur. Ce fut une nouvelle rassurante pour la jeune femme.

Huit heures sonnaient au clocher de la paroisse, assourdi par la distance mais limpide dans l'air clair.
Londres bailla, s'étira, et lui tourna autours alors qu'elle s'apprêtait pour descendre prendre son petit déjeuner. Toujours matinale, Moira paraissait chaque matin à la table du manoir, fuyante et silencieuse mais bien présente. Sauf un jour par mois, où elle ne se présentait que le soir, souvent l'air épuisée et plus déprimée encore qu'à son habitude bien qu'elle eut dormit tout le jour. Par chance, le manoir MacGee était de ses demeures où peu de questions sont posées.

Moira aimait le manoir. C'était pour elle un refuge sûr qui l'apaisait considérablement. La triste dame errait en silence, mais soulagée d'un grand poids. Ici, elle n'était pas un monstre. Son apparence - mis à part d'odieuses cicatrices jalonnant son corps maigre - était à ce point si banale que la plupart des résidents se demandaient ce qu'elle faisait là. Ils ne comprenaient que s'ils restaient jusqu'à la nouvelle pleine lune. Lorsque l'atmosphère autours de Moira semblait chargée de milles effluves de désir et qu'elle disparaissait toute la nuit, enfermée selon son vœu et malgré la douleur qu'elle devrait s'imposer. Folle en cage, elle ne pouvait que souffrir le martyr.
Mais personne ne semblait en faire grand cas dans le manoir aux Freaks.

C'est vêtue d'une sobre robe brune, ses cheveux lâchés avec négligence qu'elle descendit du second étage, parcourant le manoir comme l'ombre fantomatique qu'elle était capable d'être. Londres la suivant, se coulant comme une ombre grises entre les vieux murs, ses yeux jaunes luisant dans les recoins de pénombre.

Ce matin, alors qu'elle projetait un déjeuner habituel, elle fut arrêtée par une voix limpide dont les trilles de rossignol l'enchantèrent un instant.

Moira ne sourit pas mais ses yeux cernés s'emplirent de souvenirs. Le Barbier de Séville. Elle avait vu jadis cet opéra. Lorsqu'elle n'était pas une veuve de guerre, lorsqu'elle était encore heureuse. Lorsqu'elle pensait avoir un avenir et chérissait un homme devenu son époux.
Et cette Melody écrasante de souvenir l'attira dans une pièce qu'elle fréquentait rarement. La salle de musique ne l'attirait pas, elle n'avait rien à y faire. Sauf de temps à autre, lorsqu'un musicien emplissait l'air de ses notes nostalgiques ou joyeuses. Elle-même avait reçue l'éducation du piano mais pas le goût pour cet instrument, ni pour aucun autre. Et pourtant, il y avait eut un temps où elle avait aimé jouer pour son époux quelques mélodies sans prétention.
Poussant doucement la porte, Moira se coula dans la pièce, silencieuse souris triste suivie de son chat.
Lentement, la dame s'assit sur un fauteuil, écoutant sans bruit, Londres pétrissant ses genoux avant de s'y rouler en boule dans un doux ronronnement qui ne pouvait couvrir la voix de l'oiseau chanteur.

Aloïs Necker, elle s'en était un peu douté. Le majordome avait té le premier à l'accueillir dans cette demeure. Il l'avait conduit, tremblante et effrayée, auprès des MacGee. Auxquels elle avait tout raconté. Allégeant enfin son coeur d'un fardeau trop lourd, persuadé que ces gens, malgré toute leur bonté réputée, allaient la chasser et la remettre à la justice comme meutrière. Il n'en fut rien et ces gens qu'idôlatraient Moira lui avaient offert une place parmi les autres.

Moira appréciait Aloïs, parce qu'il était comme un oiseau sur le rebord d'une fenêtre. Elle aimait bien cet étrange homme-femme, bien que leurs conversations se limitât à quelques salutations d'usage.
C'était la première fois que Moira s'installait d'elle même auprès de l'androgyne. Mais cette voix qui lui rappelait un passé béni était trop pure pour qu'elle songe à fuir encore une fois. Miss Carron était lasse et elle souhaitait juste entendre cette mélodie familière. Ses yeux tristes fixant le vide devant elle et sa main caressant mécaniquement Londres.

Et lorsque se tue la voix magique, elle ne put revenir immédiatement à la réalité, fixant toujours son passé sans dire un mot, l'air grave et mélancolique. Une silencieuse souris triste.


Dernière édition par Moira Carron le Mar 2 Juin - 0:43, édité 1 fois
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Message  Aloïs Necker Lun 1 Juin - 15:29

(C'est pas moi qui vais faire ma tête de lard.*Enchaine*)

    A Cappella, pas besoin de musique, car imprégné des ondulations de sa propre voix, Aloïs se suffisait à lui-même, à son italien et à la vibration délicieuse de ses cordes vocales, le prenant par les tripes jusqu'au tréfonds de ses entrailles. Au delà de chaque son, une émotion, une pour chacune de ces minutes où il n'avait pas chanté, s'étant dédié à autre chose, lui qui était pourtant un chanteur. Chanter était pour lui, comme un oiseau, vital pour ne pas sombrer dans la tristesse, pour se souvenir qu'il était encore en vie, quand il se laissait aller en vocalise, le front brûlant, l'esprit réduit en charpie, balayé par le plaisir d'extirper de son corps des émotions, des sensations qui d'habitude ne passait pas le seuil de ses lèvres, à lui le flegmatique majordome dont on attendait de lui la plus grande discrétion. D'un air guilleret, le castrat passa à quelque chose de plus lyrique, puis de plus lourd, de plus puissant. Sa voix allait, légère, vocalisant sans difficulté en montant toujours et encore dans les aigus les plus purs, augmentant prodigieusement en volume et en intensité jusqu'à atteindre son paroxysme à la fin de la chanson en impulsions piqués et en une longue note maintenue très haut, pour finir sur un crescendo de possédé.

    Et tout autour de l'ancien Petit Prince Castrat, il n'y avait rien. Rien de notable que sa voix, et l'air frais du dehors. Mais, comme s'il s'était lui-même ensorcelée, sirène pernicieuse, le majorodme en robe de gouvernante victorienne fini par revenir lentement à la réalité, les joues roses de plaisir : une attitude qu'on ne lui connaissait pas, à lui, cette homme froid et lointain, sans expression faciale habituellement qu'un sourire générique. Il paraissait apaisé mais fatigué, sa poitrine se soulevant au rythme d'une respiration essoufflée qu'elle cherchait à rattraper tant bien que mal. Ce n'est qu'à cet instant qui lui rappelait étrangement celui qui suit l'orgasme, là où l'afflux sanguin diminue et vous laisse perdu mais heureux, ressentant une grande plénitude, qu'Aloïs sentit une présence dans la pièce. Il se retourna lentement, pivotant sur lui-même, pour voir qui était cette personne...

    La dame au Chat. Une sorcière ordinaire pour le Pasteur MacLeod pour qui, bien qu'il n'échangeait avec elle que les usages, il avait une certaine attention. Après tout, le Diable et une sorcière, ça collait bien non? Les habitants de Woodhill devaient certainement les imaginer faire le Sabbat ensembles, une de ces sombres assemblées nocturnes où l'on disait qu'elles donnaient lieu à des banquets, des cérémonies païennes, voire des orgies, où l'impureté la plus honteuse était commise, l'infection du corps et de l'âme. Cette idée lui tira un fantôme de sourire en coin, moqueur, tendis qu'il se tourna complètement vers sa spectatrice. N'allait-elle pas l'applaudir? Aloïs en doutait. L'époque des Bis était révolue, et il préférait même le silence aux démonstrations de contentement.

    Infection du corps et de l'âme.

    Était-il, avec cette charmante silencieuse, si venimeux aux habitants de Woodhill? Le castrat lui sourit aimablement, un rien badin, et se plia en une révérence un peu théâtrale, comme un Divo salue un large public. Les silences de Miss Carron et les ronronnements infernaux de son démons à fourrure lui plurent, et son visage se fit plus vivant, bien que très neutre dans un espèce de sourire étrangement flegmatique, pernicieux et faussement aimable, mais vraiment paisible. Tout cela à la fois. Il resta souriant face à cette silencieuse silhouette triste.


    "Miss Carron, good mornin'. Désirez vous une autre chanson?"

    Doux et serviable, parfait. Un sourire un peu trop tendre, un peu trop beau. Une voix subtile et comme une caresse, sans qu'il le semble trop entreprenant, juste assez distant mais poli pour être dans le cadre de ses affectation. Aloïs était le majordome parfait, distingué et soucieux des convenances, tout en ayant ce sourire charmeur mais froid. Il ne parlait que très peu, mais s'employait à bien le faire quand cela arrivait. Son accent trainant, Suisse-Français, lui conférait un petit exotisme personnel, comme certain se languisse en accent Brittish ou Germanique.

    "Miss..." Commenca Aloïs de sa voix la plus claire.

    Il sourit encore une fois, restant cependant à une certaine distance. Ne pas être trop familier avec les résident que l'on sert.


    "Le Sabbat n’a pas particulièrement lieu le samedi mais plutôt à la veille des fêtes chrétiennes. Il est un peu tôt pour nous réunir en diableries, vous ne trouvez pas? Si je calcule correctement, le Diable et ses sorcières ne devraient se réunir qu'au premier Mai. Que me vaut votre visite en avance, Miss?"

    Le majordome inclina la tête sur le côté joliment, comme un simple geste de coquetterie un peu plus féminine que masculine, croisant les bras derrière le dos. Il semblait tenter de regarder Moira dans les yeux, sans aucune appréhension que quelques sortes que ce soit. Pourquoi aurait-il eut peur d'elle... à cette période?
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Message  Kyle McCarron Lun 1 Juin - 16:15

P.S: je m'incruste en espérant ne pas trop vous déranger.

Kyle se promenait dans le dédale que constituait ce grand manoir qu’il ne connaissait pas encore. Deuxième jour qu’il était là et il ne savait toujours pas se repérer. En même temps il avait profité de la journée d’hier pour flâner dans le village. Pas que cela lui est servi à grand-chose, à part découvrir que les villageois n’étaient pas vraiment accueillants avec les étrangers. Enfin, peu importait. Il était tôt, le soleil c’était à peine levé, et Kyle errait dans les couloirs comme une âme en peine. Quelle idée avait il eu aussi ! S’aventurer dans un manoir où il ne connaissait personne juste pour étancher sa curiosité aiguisé par des murmures, des bribes de phrases perçues. En ce sens le jeune homme pouvait être qualifié de gamin insouciant. Mais il était là maintenant, il n’était plus temps de reculer.

Vêtu de son sempiternel costume noir et de ses gants, il était protégé d’une quelconque rencontre improbable. Il pouvait bien buter dans une autre personne au détour d’un couloir il était suffisamment vêtu pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Mais bon, le manoir McGee semblait vide à cette heure matinale. Pas que Kyle s’en plaindrait. Il craignait les rencontres qu’il pourrait faire. En tant que nouveau venu il n’avait aucun renseignement sur les habitants du manoir. Qui sait sur qui il tomberait ?

Tout en marchant tranquillement il essayait de se faire un plan mental de la maison, pour pouvoir se repérer et se déplacer plus facilement à l’avenir. Ses yeux observaient et notaient le moindre détail et son ouïe capta un chant doux et puissant, une voix sublime qui l’attira inexorablement. La musique était après tout son péché mignon même si il n’avait jamais vu de pièce d’opéra et qu’il était habitué à jouer. Néanmoins la beauté du chant était hypnotique et demandait l’attention. Qui était-il pour refuser une telle invitation ? Ses pas devinrent plus rapides, plus déterminés, suivant ce chant de sirène qui finit par se taire. Et il ne savait toujours pas d’où provenait cette voix. Il savait qu’il s’en était rapproché puisque la voix s’était faite plus forte, plus nette, au fur et à mesure qu’il s’approchait. Mais maintenant un silence pesant régnait et il ne savait que faire. Continuer ? Rebrousser chemin ? Marchant précautionneusement il s’avança un peu plus, osant aller plus loin, dévoré par une curiosité qui très certainement causerait sa perte.

Il finit par se retrouvait devant une porte entrouverte. Hésitant, il passa sa tête dans l’entrebâillement, comme un enfant qui voudrait savoir mais sans se faire prendre. Il distinguait deux silhouettes. L’une assise dans un fauteuil, une femme aux cheveux blonds foncés, un chat noir enroulé sur ses genoux. L’âge qu’elle pouvait avoir ? Il ne le savait pas, de là où il était il ne distinguait pas de détails. Juste l’ensemble de la personne. La deuxième d’ailleurs était debout et était suffisamment fine et les cheveux suffisamment longs pour supposer qu’il s’agissait aussi d’une femme. Peut être celle qui venait de chanter si magnifiquement. Kyle voulut mieux distinguer leurs traits et s’avança un peu plus. Poussant la porte qui grinça légèrement devant ce mouvement inattendu, son qui se répercuta désagréablement dans le silence de l’endroit. Gêné, le jeune McCarron finit par entrer totalement dans la salle.

« Excusez-moi pour ce dérangement Mesdames. Je ne faisais que passer. »

Laissant son regard embraser la salle, mieux valait le poser n’importe où plutôt que sur les deux personnes qu’il dérangeait très certainement, Kyle détailla la salle. Grande, et contenant un grand nombre d’instrument sur les côtés de la pièce. Une salle de musique donc. Un rêve pour Kyle. Son regard marron chercha instantanément l’instrument de son cœur : le piano. Et il finit par le déceler. Là-bas, à l’écart au fond de la pièce. Comme si les autres instruments l’avaient rejeté, tout comme lui avait été régulièrement rejeté par la race humaine. Allons, il ne fallait pas penser à cela. Il était là et le piano l’appelait. Ses doigts gantés étaient désormais secoués de frisson. Ils rêvaient de toucher l’instrument, d’effleurer les touches comme on effleure la personne aimé tard dans la nuit, avec une certaine révérence et reconnaissance. Il fit un premier pas, puis un second, son regard bloqué sur la silhouette envoutante de l’instrument, avant de piler net. Se rappelant un détail : il n’était pas seul dans la pièce.
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Message  Moira Carron Lun 1 Juin - 19:37

(Tu seras lapidé pour cette audace, Kyle x) )

Thème Musical

Miss Carron restait silencieuse, figée sur ce fauteuil à bras, une main serrant l'accoudoir pour s'empêcher de trembler sous la violence des images qui la hantait. Des images d'un bonheur cruel car perdu. Des images d'un passé ne contenant qu'un seul moment de bonheur et qui avait brisé en milles éclats.

La guerre est mangeuse d'hommes et elle lui avait prit le sien.


Moira ne vit pas le majordome se tourner vers elle, ni saluer mais le chat le remarqua et, souple fourrure ondoyante, sauta à bas des genoux de sa maîtresse pour aller se frotter aux jambes du Divo. Ce qui réveilla l'attention de la jeune femme dont les yeux tristes se levèrent lentement, embarrassée d'être ainsi surprise dans sa rêverie et d'avoir trahit sa présence.

Good Morning, Monsieur Necker.
Fit la voix grave, un peu âpre, à l'accent qui demeurait écossais car c'était là sa patrie. Je vous en prie ne vous ennuyez pas pour moi. Votre chant m'a attirée, je ne souhaite néanmoins pas vous déranger durant vos loisirs.

Un gentil pauvre sourire, en total contraste avec l'étrange jovialité du majordome apparut en fantôme sur le visage de celle que l'on surnommait Sorcière. C'était un moindre mal, car si on la croyait loup-garou, elle finirait embrochée au bout d'une fourche. Elle écoutait, attentive, les plaisanteries de cet homme qu'elle ne connaissait que de fréquentation, au fond un peu désappointée de le voir d'humeur si taquine, ses joues roses et soudain si joyeux, bien que jamais inconvenant. Elle avait l'étrange sensation d'être en noir et blanc face à cet androgyne soudain haut en couleurs.

Londres rejoignit bientôt la jeune femme et retourna se lover sur les genoux accueillants. Se léchant une patte tandis que Moira le caressait machinalement

Oh... Certes... L'idiotie de ce pasteur n'est définitivement plus à prouver.
- Elle soupira tristement - Il est malheureux que les hommes les plus influents soient aussi les plus obtus. Et il est malheureux que la populace soit souvent aussi stupide que les moutons de Panurge.

Moira ne souriait pas, malgré ses propos à peine taquins. Elle était une femme un peu trop grave, insondable. Son chat gris aux yeux jaunes avaient un peu trop l'air d'être un familier témoin de mauvaises actions. Elle savait la vérité. Cette brave bête de douze ans n'était jamais qu'un chat. Juste un chat habitué aux bizarreries de son humaine et rendu affectueux par les soins de Miss Carron. Un chat que l'on prenait pour le Mal en personne. Ciel, que les gens pouvaient être bêtes.

Soudain, un bruit fit sursauter la sinistre veuve. La porte de la salle de musique venait de s'entrebailler pour laisser passer un visage inconnu. Un jeune homme, sans doute un nouveau venu. Moira ne l'avait jamais vu, et pour causa, sa chute dans les bois lui avait fait rater le souper, elle n'avait donc pas sû qu'un nouveau venu venait d'être admis parmi eux. Son statut de nouveau ne fit aucun doute lorsqu'il prit le majordome pour une femme.
Ca n'était certes pas difficile de se méprendre et Moira elle-même avait été au premier abord abusée par les artifices de l'androgyne. Mais elle ne put s'empêcher d'étirer ses lèvres en un sourire nostalgique et sans joie.

Ah, Monsieur Necker, personne ne veut vous laisser la salle pour vous seul, ce matin... Good Morning, Monsieur. Et, puisque je ne vous ait jamais vu, bienvenue.


La voix de Moira s'éteignit, fragile et rauque, basse et timide. Elle avait sur les pommettes une légère rougeur de gêne et se sentait un peu bête. Elle n'avait jamais beaucoup aimé le regard des autres, elle était heureuse que le jeune homme brun soit plus que visiblement attiré par le piano, plus que par la conversation. Ha, quel charmant duo se serait, si Monsieur Necker leur faisait l'honneur d'accompagner de sa voix un pianiste !
Cependant, Moira ne souffla d'autre mot, caressant toujours, inlassablement, la fourrure électrique de Londres qui ronronnait comme un bienheureux.
D'une main, elle rejeta une mèche de cheveux, son visage marqué de cicatrices n'exprimant plus rien alors qu'elle se plongeait dans un mutisme né de la timidité et de ma perte d'habitude à cotoyer ses pairs.

Elle ne savait que dire et préférait rester muette, vieille avant l'heure bien qu'encore jeune. Mais son regard usé, malgré sa vivacité, ne perdait rien de sa acuité et elle analysait en silence. Comme pour mieux savourer le goût précieux d'avoir de la compagnie.
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Message  Aloïs Necker Mar 2 Juin - 17:04

***

    Aloïs sourit énigmatiquement en voyant le chat noir venir se frotter à ses longues jambes. Qui de la maîtresse ou du félin était la plus aimable créature? Sur l'instant le castrat ne bougea pas, ne caressant pas l'animal comme nombreux auraient été tentés de le faire. Caresser, c'était avoir une prise. En outre cela lui aurait demander de se baisser, et il trouvait cela inconvenant. Alors il se contenta de sourire, laissant s'échapper un petit gloussement d'entre ses lèvres fines et pâles, comme une adolescente le ferait.

    "Charmante créature que vous êtes, Monsieur Londres. Good Mornin' à vous aussi."

    On était poli et distingué avec tout les résidents de ce manoir, même ceux à fourrure. Et Dieu savait que fourrure, écailles, mues, griffes, dentitions étranges, et bizarreries de toutes sortes faisait qu'ici, saluer poliment un chat semblait un détail, comme une formalité coutumière pour le majordome. Il revint finalement sur la maîtresse de Londres après l'avoir salué comme il se devait, plissant les yeux, hochant du chef pour la saluer en une petite révérence.Il écouta ses dires avec une diabolique attention, pour en retirer ce qu'il désirait. Elle paraissait bien pâle, la dame au chat, mais c'était habituel, et si Aloïs n'avait pas eut lui-même le tient si proche de ceux qui ont la tuberculose, peut-être s'en serait-il soucié. Il sourit aimablement à la triste dame avant de s'appuyer à une table non loin.

    "Je vous aie attirée donc... c'est bien normal Miss, je suis une sirène. Mais une sirène un peu spéciale : un tiers femme, un tiers homme, un tiers thon."


    Et comme pour renforcer cette étrange plaisanterie sur lui-même, le Suisse lissa distraitement une de ses anglaises, le regard baisser sur le chat qui avait paresseusement rejoint le giron de sa maîtresse. Un endroit où il faisait toujours significativement chaud. Aloïs n'avait pas tant changer que cela, au final. Il sourit aimablement une nouvelle fois, retrouvant une distance terrible juste après une plaisanterie amie, comme pour signifier à Miss Carron qu'elle ne le dérangeait pas le moins du monde. Il acquiesça sans rien dire aux dires de la dame sur le Pasteur : c'était un indécrottable idiot. Non pas que le majordome, chrétien catholique et dans son enfance enfant de chœur, n'aime point la religion, mais il m'aimait point les imbéciles. MacLeod était le fer de lance de la détestation des Freaks à Woodhill. Celui-là même qui l'avait qualifié de monstre, désigné comme une entité satanique hiérarchiquement ultime, à savoir Belzébuth, le Seigneur des Mouches. Une autre identité de Satan, en somme. Et il avait dit de Miss Carron qu'elle était une sorcière. MacLeod avait humilié plusieurs fois Aloïs qui s'était vengé de manière bien magnanime, en lançant des doryphores sur le jardin du pasteur ou des termites dans sa maison. Mais il lui pardonnait difficilement de lui avoir fait perdre l'intérêt de Byron MacGregor, pour qui Aloïs avait encore une tendresse particulière.

    Cependant de toutes ces réflexions stériles, Aloïs ne montra rien, telle une poupée cassée et un pantin éternellement souriant. Il se contenta de soupirer comme une commère le ferait quand elle s'indigne, portant la main à sa joue puis à son menton, l'air de réfléchir.


    "Les moutons sont toujours moins à blâmer que le berger, Miss. Un pasteur est, à l'exemple du berger, un homme qui guide le bétail dans les pâturages."

    C'était tout ce qu'il avait à dire. Le tout était suffisamment acide mais également suffisamment contenu pour ne pas paraitre grossier. Les gens ensembles n'ont de l'intelligence qu'une somme très relative : celle de celui qui les exhorte, et non pas une addition. La nature humaine n'aimait pas les mathématiques. Cependant, dans le silence qui se fit soudain entre lui, la femme taciturne et le petit fauve de salon ronronnant, le castrat trouva quelque chose d'apaisant. sans un mot, il contempla le félin sur les cuisse de Miss Carron, se remémorant le poème de Baudelaire qui prenait l'animal pour thème : une simple rêverie. Il avait quelques minutes à tuer en flâneries.

    La porte grinça en un bruit inattendu, en sa qualité de majordome, Aloïs tourna la tête vers la source du son impromptu, cependant sans trop se hâter, toujours appuyé sur la table non loin de Moira, le bassin légèrement désaxé pour faire reposer son poids sur une seule jambe. Un jeune homme passa la tête par la porte, et fini par entrer, avec un air que le castrat qualifia pour sa part d'un peu penaud. Mais loin de lui faire remarquer qu'il avait l'air embarrassé, Aloïs le salua d'un sourire.... un peu charmeur. Il était toujours plus marqué, son sourire, face aux beaux jeunes hommes, lui qui aimait à les courtiser. celui-ci n'était pas trop vilain à vrai dire, bien que pas vraiment son style. Plus jeune, le Suisse avait aimé les hommes bien plus âgés que lui; maintenant que son âge le rapprochait du Démon de Midi peut-être un peu en avance, il préférait se laisser courir par des jeunes hommes. Cependant pour lui le vieillissement n'est pas un handicap et le démon de midi n'est qu'un bon diable auquel il peut obéir sans déchoir. Son sourire était plus qu'un geste de coquetterie, mais pas assez pour être une invite. Aloïs avait en ce moment une préférence pour les hommes gros. Et d'un style affreusement banal. Kyle MacCarron, bien que bel homme, sortait totalement de ses envies. Il n'y avait rien à manger, sur ce petit moinillon.


    « Excusez-moi pour ce dérangement Mesdames. Je ne faisais que passer. »

    "Ce n'est rien cher Ange, passe."


    La phrase était badine, mais le tutoiement pas gratuit, là uniquement pour lier le jeu de mots de "un ange passe". Aloïs était à vrai dire un bien étrange majordome,e t beaucoup de résident se sentaient de rang inférieur vis à vis de lui, qui était extrêmement proche du couple MacGee. Il eut un sourire amusé en voyant le jeune homme le prendre pour une femme, et le suivit du regard avancer vers le piano avec une démarche de possédé. Comme c'était vilain, comme c'était malpoli. Comme il allait en faire son plat de poisson, de ce charmant petit ange. mais avant, il préféra répondre à Miss Carron.

    Ah, Monsieur Necker, personne ne veut vous laisser la salle pour vous seul, ce matin... Good Morning, Monsieur. Et, puisque je ne vous ait jamais vu, bienvenue.


    "C'est la rançon du succès, il faut croire, Miss Carron. Mister MacCarron, le piano n'est pas à disposition des résidents, je suis désolé."

    Aloïs connaissait de mémoire le nom de toutes les personnes du manoir, même celles arrivée il y a peu, car c'était son travail de majordome. Il lui parla d'une voix moins légère, un peu plus autoritaire sans perdre son lent accent chantant. Cela dit, elle n'avait rien de féminin. C'était une voix immature d'adolescent, plus enfant mais pas encore adulte. Qui ne deviendrait jamais homme, mais n'était pas femme. Malgré ses vêtements, tout le monde appelait Aloïs monsieur, et il préférait cela, remerciant Miss Carron du chef pour l'avoir dit. Malgré sa tenue, il aimait qu'on sache qu'il était un homme, sous la dentelle amidonnée. L'androgyne papillonna doucement des cils, impensablement noirs avec si peu de maquillage, et continua, en regardant à nouveau la dame et son chat.

    "Ce piano est réservée à Milord et Milady." Il sourit de manière un peu mesquine. " Et à moi-même. Aussi pour aujourd'hui je puis vous faire une fleur, j'ai besoin de m'échauffer un peu. Uniquement si vous connaissez la Sérénade Andalouse de Massenet et Ruelle, que j'aimerais faire écouter à Miss Carron et son cher ami à fourrure."

    Il était à la fois guindé et détendu, notre majordome, dans sa tenue de gouvernante mais avec ses manières affablement distante. Toujours, au fond de lui, restait un fond flamboyant de Divo, une éducation de bourgeois qui parfois donnait l'impression aux invités qu'il leur était infiniment supérieur. Aloïs était à la fois un domestique et un résident, alternativement. Il pouvait être autoritaire même avec les invités, sans aucun scrupules, se sachant tant aimé du couple MacGee, et anciennement d'un statu très élevé. Il n'allait pas courber l'échine devant des gens qui n'avaient peut-être pas un quart de sa finesse, non? Cependant, il se gardait bien de le formuler ainsi, préférant rester sur un vernis de politesse délicieuse et charmante, tout comme cet adorable sourire un peu froid qu'il abordait à l'instant, comme s'il avait quelque chose derrière la tête...

    Aloïs Berlioz Necker avait toujours quelque chose derrière la tête.


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Message  Aaron MacGee Sam 6 Juin - 18:59

Intervention Admin : Un post est demandé depuis quelques jours de la part de Kyle sans qu'il n'en soit donné suite. Tout autant, aucune absence n'a été signifie dans le topic idoine, alors qu'il aurait été agréable de la voir mentionnée. La situation des rp sans suite se multipliant de la part de Kyle (De la joueuse j'entend. Je dois rester impartial, vraiment désolé), je demande d'éviter de faire du multi topic quand un seul sujet ne peut déjà pas être suivi. Ce pourquoi, je préconise, la reprise des posts sur ce sujet par Aloïs et Moira, sans tenir compte de Kyle et ceci dans l'immédiat. Je suis sur au vu de la lecture qu'une explication plausible peut être tenue quand à cette condition. Ce pourquoi je vous laisse agir selon votre bon vouloir.

Il est possible, suite à ce message, que le temps donné aux joueurs pour répondre, connaisse un raccourcissement. Ce qui sera signifié dans le topic concerné bien entendu. Ceci pour éviter les blocages excessifs et le laxisme dans la manière de jouer. Le rp étant un échange, il n'est pas agréable de se voir bloquer trop longtemps surtout sur un topic à plus de 2 joueurs où l'envie peut vite passer. Ce que j'ai trop souvent vu. Le forum en étant à sa naissance, ceci en est d'autant plus préjudiciable et, surtout, inacceptable. J'en termine avec cette explication que je déplacerai sous quelques jours, ceci afin de ne pas salir plus votre topic.

Bon jeu !
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Message  Kyle McCarron Dim 7 Juin - 0:38

*Désolé de ce retard. Voici ma réponse.*


"Ce n'est rien cher Ange, passe."

Kyle n’accorda pas trop d’importance à la phrase mais plus au ton de la voix. Quelque chose n’allait pas. La ‘demoiselle’ avait une voix quelque peu nasillarde et aigue. Comme celle d’un adolescent juste avant la mue de sa voix. Mais peut être était-ce normal ? Peut être qu’il se faisait des idées ? En tout cas cela dérangea quelque peu le jeune homme. Mais la sensation disparue vite une fois qu’il eut repéré le piano. Et il se retrouva à s’avancer quelque peu vers lui, comme hypnotisé. Mais cela ne dura que quelques secondes. Il était encore loin du piano quand il s’arrêta de marcher et bien plus proches des deux jeunes femmes. D’ailleurs, la blonde finit par parler, d’une voix faible et timide, une légère rougeur venant colorer sa peau blafarde. Le jeune McCarron ne trouva pas cette timidité pathétique, bien au contraire. Malgré sa timidité et, sans aucun doute, son désir de rester en retrait elle avait pris le temps de le saluer. Lui, le nouveaux qui s’incrustait dans cette pièce. Sans doute avait il d’ailleurs interrompu un rendez vous entre ces deux jeunes femmes…

Ah, Monsieur Necker, personne ne veut vous laisser la salle pour vous seul, ce matin... Good Morning, Monsieur. Et, puisque je ne vous ait jamais vu, bienvenue.

"C'est la rançon du succès, il faut croire, Miss Carron. Mister MacCarron, le piano n'est pas à disposition des résidents, je suis désolé."

Le brun fut brusquement paralysé. Complètement. Son corps avait cessé tout mouvement, son souffle s’était coupé et seul son cœur avait semblé faire un triple saut périlleux sous l’effet de la surprise avant de se mettre à battre follement pour faire comprendre qu’il avait besoin d’air. Reprenant calmement son souffle, le jeune homme se tourna vers les ‘deux’ jeunes femmes et les observa d’une manière incrédule. Avait il bien entendu ? Son cerveau tournait et retournait la phrase dans son esprit mais il n’y avait absolument aucun moyen de se tromper. Il avait bien entendu, la jeune femme brune… n’était pas une femme. Dire que Kyle était choqué aurait été un euphémisme.

" M..Monsieur Necker ? Vous… euh… "

Bredouillant, gêné, il ne savait que faire, que dire. Heureusement avant de se ridiculiser plus long temps ses pensées lui firent remarquer qu’il ferait peut être mieux de se taire et rapidement, avant qu’il ne dise une bêtise. Fermant rapidement la bouche dans un bruit sec, il détourna la tête et rougit fortement. Voilà fort longtemps qu’il n’avait ressemblait à une tomate bien mûre. Et puis de toute manière il s’était déjà ridiculisé pour le restant de son séjour au château alors un peu plus ou un peu moins. Reprenant enfin son calme, Kyle dirigea à nouveau son regard vers les deux individus, Miss Carron et … Monsieur Necker. Dieu que cela allait être difficile de penser monsieur alors que ses yeux catégorisait l’androgyne en face de lui dans la section femme.

" Je m’excuse pour cette maladresse Monsieur Necker. Et merci pour cet accueil Miss Carron."

Il aurait pu rajouter qu’il était nouveau et ne savait donc pas qui il était, d’où la méprise. Mais à quoi aurait servi cette justification ? Ses interlocuteurs devaient se douter qu’il était un nouveau venu, et il était inutile qu’en plus de se ridiculiser il se fasse passe pour un être pathétique. Il avait fait une erreur, il s’était excusé, point. Fin de la discussion. Pas beoins d’éterniser le sujet en se justifiant. Ne sachant que faire d’autre Kyle réfléchit. La bienséance aurait voulu qu’il fasse le baise main à la jeune femme, mais il était hors de question que sa peau touche la peau d’un autre être humain, même s’il ne s’agissait que de ses lèvres. On ne savait jamais avec son maudis don et il préférait ne pas tenter le diable. Ne sachant quoi dire pour briser le silence pesant qui semblait s’installer le jeune McCarron cherchait un sujet de discussion. Et maintenant que son cerveau avait dépassé l’état de choc il se rappela ce que lui avait dit l’androgyne.

" Ce n’est rien Monsieur Necker. C’était fort malpoli de ma part de me conduire ainsi. Malheureusement cela fait quelque temps que je n’ai pas joué. J’ai donc réagi quelque peu fortement à la vue de ce magnifique instrument. Cela ne se reproduira plus."

Tout en disant cela Kyle fit un léger sourire, son visage ayant retrouvé sa blancheur et sa sérénité habituelle. Il ne fit pas attention à l’expression du visage de son interlocuteur. En fait il essayait de na pas trop focaliser son regard sur l’androgyne. La contradiction entre son physique féminin et son statut d’homme le perturbait encore. Au moins en se concentrant sur sa voix il ne recevait pas de signaux contradictoires. Bien que la voix lui fasse plus penser à un adolescent qu’à un homme d’âge mur... En définitif Monsieur Necker était un mystère qui attiserait très certainement la curiosité du brun… une fois qu’il se serait fait à son physique.

"Ce piano est réservée à Milord et Milady. Et à moi-même. Aussi pour aujourd'hui je puis vous faire une fleur, j'ai besoin de m'échauffer un peu. Uniquement si vous connaissez la Sérénade Andalouse de Massenet et Ruelle, de 1896, que j'aimerais faire écouter à Miss Carron et son cher ami à fourrure."

" Je ne sais si… Cela fait longtemps que je n’ai pas joué. Il vaudrait peut être mieux que je m’en abstienne. "

Nervosité. C’était l’émotion qui le parcourait. Cet homme chantait divinement bien, c’était cela qui l’avait attiré ici. Et il savait que même s’il était un bon pianiste il était loin d’être extraordinaire. De plus, cela faisait en effet quelques temps qu’il n’avait pas joué. Il vaudrait sans doute mieux qu’il décline l’invitation et qu’il quitte la pièce afin de laisser ces deux personnes tranquilles. Néanmoins, il avait pris cet homme pour une femme, l’avait sans doute insulté sans le savoir. Sans parler du fait qu’il s’était montré rude en se dirigeant ainsi vers le piano quelques minutes plus tôt. Alors pouvait il réellement refuser ? Non bien sûr que non. Même si la demande précise ne faisait que le rendre plus nerveux, il ne pouvait qu’accepter. Retenant à peine un soupir Kyle reprit la parole.

" Fort bien. Je vous accompagnerai au piano. Mais je vous mets en garde, je ne suis qu’un modeste pianiste. "

Il ne serait pas dit que le jeune homme ne l’avait pas prévu. Il ne cherchait pas non plus à se défiler, il était simplement réaliste. Se chauffant quelque peu les doigts en les pliant et dépliant, il se dirigea lentement vers le piano, le buvant du regard. C’était un très bel instrument, bien plus beau que tout ceux sur lesquels il avait joué. Et même si il ne se révélait pas à la hauteur du piano, il prendrait plaisir à ce petit interlude. Doucement il s’installa sur le tabouret, releva le clapet, puis frôla délicatement les touches. Il ne pouvait plus reculer. Inspirant profondément, ne fixant que les touches noires et blanches du piano à queue, il commença à jouer. Et remercia le ciel de connaître la sérénade, elle figurait dans les cahiers de musique de sa mère. La musique s’éleva, douce, légère et lente. Très lente. Elle prenait possession de la pièce et sans être magnifique elle était belle. La beauté de la simplicité et non de la virtuosité. Le piano avait commencé à chanter et c’était au tour du chanteur de faire son entrée.
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Message  Moira Carron Jeu 11 Juin - 16:35

Silencieuse et en retrait, la dame au chat fixait de ses yeux clairs le jeune homme consterné. Son esprit vagabondait, sans perdre sa capacité d'analyse. Le choc causé par le véritable sexe du majordome était palpable et, le temps d'une seconde, les sourcils de Moira se froncèrent légèrement.
Un air sévère rendit ses traits plus durs et son visage mélancolique aux nombreuses cicatrices gagna en ombres inquiétantes et sauvages
Moira estimait Aloïs Necker et l'attitude du jeune homme outrepassait largement les limites de la politesses à ses yeux d'ancienne bourgeoise londonienne. Quelle était donc cette manière de dévisager ce bon Monsieur ? Quel genre de personne trouvant refuge dans ce manoir pouvait réellement être choquée par l'apparence androgyne du travestit ?
Comme si chacun ici n'avaient pas leur lot de tares. Freaks ils étaient, pour le monde extérieur. Alors si les Freaks commençaient à se regarder mutuellement de travers...

Moira aurait volontiers voulu faire remarquer à l'impertinent son indélicatesse envers le Divo mais celui-ci s'en chargea lui-même, à commencer par le subtil jeu de mot à la limite de l'irrévérence et qui aurait pu avoir bien des façons d'être pris, ce qui détendit les traits de la dame silencieuse, dont le regard redevint mélancolique, quoique porteur d'une petite étincelle de terne amusement. La vengeance par l'interdiction au piano... A ce qu'elle en savait, l'instrument n'avait jamais été privé et elle soupçonnait Aloïs d'avoir inventé à l'instant cette règle pour ennuyer leur cadet. Elle avait déjà vu des résidents jouer dans cette salle, bien qu'elle ne s'y attardât habituellement jamais bien longtemps lorsque du monde survenait. En l'occurrence, deux personnes étaient presque de trop pour elle.

" Je m’excuse pour cette maladresse Monsieur Necker. Et merci pour cet accueil Miss Carron."




Moira ne répondit guère, ce fut Londres qui bailla en s'étirant sur ses genoux avant de miauler qui sembla dire pour sa maîtresse un « De rien » poli. La jeune femme se contenta pour sa part d'un léger hochement de tête avant de continuer à caresser son familier ronronnant, se demandant si elle ne devrait pas prendre congé pour assister au petit déjeuner. Mais sa cheville encore sensible et la voix de Monsieur Necker furent son mobile prolongeant cette aparté dans son quotidien habituel. Elle n'était attendue nulle part et son déjeuner avalé, elle battrait la campagne à la recherche d'un peu de répit pour son esprit brisé. Ca n'était guère que quelques minutes de moins pour penser inconditionnellement à ce qu'était devenue sa vie.

"Ce piano est réservée à Milord et Milady." Il sourit de manière un peu mesquine. " Et à moi-même. Aussi pour aujourd'hui je puis vous faire une fleur, j'ai besoin de m'échauffer un peu. Uniquement si vous connaissez la Sérénade Andalouse de Massenet et Ruelle, que j'aimerais faire écouter à Miss Carron et son cher ami à fourrure."
Les yeux éteints de Moira se relevèrent à cette déclaration, un rien surpris par l'initiative du majordome. Aloïs était décidément d'une humeur plaisante ce matin, et taquine, de surcroît. Et elle en fut un instant touchée. Elle la si transparente et triste dame surnommée Sorcière avait parfois l'impression d'être seule dans un monde devenu maelström rugissant faisant de sa vie une bien sombre épave. Ca n'était en définitive peu de chose, que cette simple proposition mais elle allégea un instant le coeur tourmenter de la jeune femme dont le chat assit sur ses cuisses ronronnait comme pour marquer son appréciation.

" Je ne sais si… Cela fait longtemps que je n’ai pas joué. Il vaudrait peut être mieux que je m’en abstienne. "

Témoin silencieux de la scène entre les deux hommes, Moira garda longuement le silence, observant sans se mêler à eux, redevenant tapisserie. Et seul son regard s'adoucissait un peu en se posant sur le castrat androgyne qui était après tout un homme estimé dont l'éducation noble n'était plus à prouver, ce qui achevait de la faire se sentir un peu plus dans son élément près de cette compagnie bien née.
Il lui semblait revoir parfois dans le sillage de Monsieur Necker ce qui avait été sa vie en une époque bénie.

C'est un bel honneur que vous me faites, Monsieur Necker et vous avez là une bien délicate attention envers celle qui a troublé vos vocalises. Souffrez cependant que je contredise Monsieur McCarron : si son envie de jouer est si manifeste, il ne peut qu'être un remarquable musicien.

Un sourire fantomatique passa un instant sur les fines lèvres de la dame dont le regard se fit plus doux. Presque rêveur. Elle avait jadis aimé le piano et le chant. Les opéras, les théâtres.
Son regard plus doux se posa sur le jeune nouveau venu, sentant qu'il succombait peu à peu à l'envie de jouer. Et souriant de l'entendre capituler finalement. Moira, silencieuse, laissa les retrouvailles du jeune homme et de l'instrument se faire doucement. Et dans le silence, Moira chuchota gentiment à l'adresse d'Aloïs.

La lune se lèvera ronde dans trois jours, Monsieur Necker. La dernière fois, la serrure à presque craquer. A-t-elle été remplacée afin qu'elle ne cède pas ?

Un pli barrait le front de la jeune femme. Son visage marqué exprimait une triste résignation comme ces animaux en cage qui oublient leur nature sauvage.
Et, alors que pleuraient les premières notes du piano, Moira détourna son regard d'Aloïs pour fixer la fenêtre et le jour clément, oubliant un instant sa propre nature, sa peine et sa souffrance dans les notes alignées en une lente mélodie.
Ses yeux se fermèrent et Londres se recoucha contre elle, frottant sa tête soyeuse contre le jupon de sa maîtresse, comme pour la réconforter lui aussi de ses félines caresses. Il était après tout le seul être vivant à survivre à la lune ronde auprès de la triste veuve.
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Message  Aloïs Necker Sam 13 Juin - 4:44

Musique d'ambiance : Philippe Jaroussky, Sérénade andalouse by J. Massenet °~

    " M..Monsieur Necker ? Vous… euh… "

    "Oui mon petit, je suis bien un monsieur."


    Aloïs sourit sans dire plus mot, croisant les bras derrière son dos fin et faisant une petite moue amusée, large sourire et yeux mi-clos, comme s'il se moquait gentiment de l'erreur si banal qu'avait fait le jeune homme. Cependant, se balançant étrangement d'un pied à l'autre comme une jouvencelle qui joue la midinette, le travesti élargit de plus en plus son sourire, ouvrant légèrement plus un œil que l'autre en regardant Kyle, l'air un peu narquois. Un air, un sourire,e t même quelque part une physionomie narquoise, qui exprimaient tacitement la ruse et la moquerie. Il hocha simplement du chef quand Kyle s'excusa, comme si ce n'était qu'un détail, une broutille sans importance. Combien en avait-il dupé de cette fallacieuse manière, avant lui? Mais tout de même, quelle manière de le dévisager... Le bon majordome se tournant vers Moïra, cette sombre dame silencieuse assise sur le fauteuil comme un chat esseulé surmonté lui-même d'un chat gris mystérieux, comme une extension d'elle-même, remarquant ses traits tirés quelques secondes avant qu'ils ne se détendent, et il lui fit un sourire charmeur et engageant.

    Lorsque Kyle exprima son hésitation, l'androgyne ne put que réprimer un accès de rire perçant qu'il étouffa de sa main, comme si cela avait quelque chose de vraiment très drôle. Son éclat de rire avait sonné dans toute la pièce comme un bout de verre qui se brisait ou un oiseau qui piaffait d'amusement. C'était mignon, ces jeunes gens qui n'avaient aucune confiance en eux. Aloïs lui, était un artiste, et il considérait qu'il ne fallait jamais offrir aucune médiocrité dans l'expression de sa passion mais aussi de son talent. Si Kyle hésitait, c'était tout simplement qu'il se pensait mauvais. Et donc, doux sophiste, qu'il l'était. Un instant son regard brun et chataigne se perdit sur els lignes coulantes et sobres du piano tant convoité par le musicien.


    " Ce n’est rien Monsieur Necker. C’était fort malpoli de ma part de me conduire ainsi. Malheureusement cela fait quelque temps que je n’ai pas joué. J’ai donc réagi quelque peu fortement à la vue de ce magnifique instrument. Cela ne se reproduira plus."

    "Allons mon petit, c'est bon, je ne suis point fâché. Ha certes, il est magnifique, je vous l'accorde. C'est un Bösendorfer modèle 290, dit " Impérial ", comportant 97 touches au lieu des 88 présentes sur les pianos de concert normaux. Il comporte donc huit octaves complètes, est le seul à pouvoir permettre d’interpréter fidèlement certaines œuvres de Bartok, Debussy, ou encore Ravel."


    Aloïs s'approcha de l'instrument pour le caresser d'une main souple et tendre, son sourire se muant en un étirement de lèvres mélancolique, ou plutôt nostalgique d'une époque à présent révolue : celle de sa célébrité, où il chantait en compagnie des meilleurs pianistes de la Vieille Europe. En face de Moïra et Kyle, il étalait sa science sans le moindre scrupules, vaniteux majordome qui semblait dans ses gestes, dans ses paroles, appartenir à la plus bleue des noblesse. Tout en lui transpirait la bourgeoisie et le grand standing qu'on ces "gens bien nés". Sa connaissance dans le domaine musical était impressionnante pour un majordome, mais l'était-elle pour un chanteur mythique? Un chanteur oublié de tous dans ce trou perdu en plein milieu des Highlands, entourés de cul-terreux qui ne connaissaient même pas Massenet. Le regard de la dame sans âge se posant sur lui, l'homme en livrée de gouvernante se retourna d'instinct, habitué à rendre les regard, puis vint vers elle.


    "C'est un bel honneur que vous me faites, Monsieur Necker et vous avez là une bien délicate attention envers celle qui a troublé vos vocalises. Souffrez cependant que je contredise Monsieur McCarron : si son envie de jouer est si manifeste, il ne peut qu'être un remarquable musicien."


    "C'est un cadeau que je vous fais, Miss. Parce que j'ai envie de vous revoir sourire. Oh, j'ai confiance en Mister MacCarron; il n'oserait surement pas gâcher mon talent."


    Lorsqu'il entendit la femme lui murmurer quelque chose, l'androgyne eut pour réflexe de se pencher pour saisir sa main et la baiser, très délicatement, du bout de ses lèvres livides et froides, baissant les yeux sur son poignet délicat. Il redressa la tête, penché sur elle, quand elle lui expliqua le soucis qui faisait plisser son front, et le majordome ne lui adressa qu'un sourire dégagé de toute anxiété, l'air de lui dire qu'il avait pensé à tout sans avoir à exprimer cela avec des mots qui auraient put embarrasser la dame. Il considérait que c'était ce genre d'attentions silencieuses qui faisaient de lui un véritable Gentleman. Cependant, entendant les premières notes évanescentes de la Sérénade et remarquant qu'il ne possédait déjà plus l'attention de la jeune femme, Aloïs se redressa pour gagner d'un pas lent le piano, où se développait déjà une bien charmante mélodie, dans un ton lent et mélancolique. Et après un simple sourire à l'adresse de sa moitié de récital, l'androgyne retrouva sa voix haut perchée qui avait fait de lui le dernier castrat d'Europe, juste après Alessandro Moreschi.

    Sur cette sirupeuse envolée de note, frappée avec langueur mais maîtrise par les doigt d'un passionné, le maître-chanteur des couloirs et chambres du manoir gonfla la poitrine pour prendre son souffle, fermant les yeux et, Phénix des hôtes de cette bâtisse, sa voix de rossignol se développa tout doucement, comme une caresse, comme du velours dans l'air ambiant.


    Pourquoi chanter
    L'amoureuse ivresse?
    Pourquoi m'aimer?
    Folle est ta tendresse!
    Mon âme, un jour, s'endormit glacée
    Après un ardent baiser.
    La flamme meurt effacée;
    Pourquoi m'aimer?
    Comme un vain songe,
    Un beau mensonge,
    Comme un vain songe,
    Un beau mensonge
    Ah!


    Si sa voix s'était élevée avec onctuosité dans l'air, elle gagna rapidement en force peu commune pour un timbre si aigu, dévoilant une capacité respiratoire venant de la cage thoracique sans pareil. Les yeux fermés, sourcils parfois froncés, parfois relevés comme une supplique, le castrat se servait de ses propre émotions pour développer son chant, pour lui donner toute l'intensité nécessaire. Il y avait beaucoup de choses, belles et moins belles : mélancolie, incompréhension, fatalité... amour. Aloïs chantait avec une émotion qui n'était possible que si l'on ressentait ce qu'on chantait. Cependant, tout entier dévoué à son récital, l'homme était sincère. Il était amoureux, amoureux fou, et cela s'entendait. Aloïs Necker était amoureux fou de sa musique. Et continuant, il sembla à présent plus s'exprimer à Kyle, le pianiste concentré, que réellement chanter dans le vide.

    Je garde l'ardent baiser;
    Pourquoi donc m'aimer?
    Aux corridas,
    Dont Séville est fière.
    Des Señoras
    J'étais la première,
    Et je riais quand à mon oreille
    Un galant parlait tout bas.
    L'amour toujours veille,
    Il ma surprise, hélas!
    Aveu timide,
    Heure rapide,
    Aveu timide,
    Heure rapide,
    Ah!


    Intensité émotionnelle à son comble, l'androgyne à la voix de cristal et de velours mêlés semblait amoureux de tant de notes et de partitions qu'il fut impossible de le penser tricheur dans sa passion, n'offrant aucune médiocrité, profondément en phase avec ce qu'il faisait. Il se savait talentueux; il savait sa voix pure et belle, non touché par les affres de l'âge adulte qui arrache aux garçons leur beauté vocale. Aloïs avait été un Divo, star des Opéras de Suisse, d'Italie et de France, touchant jusqu'aux États-Unis. Aujourd'hui, enfermé comme un oiseau précieux dans une belle cage dorée, il était un anonyme à la voix pure qui chantait l'amoureuse ivresse, la tendresse, la douleur, montant toujorus plus dans les aigus sans jamais que sa voix ne se brise. Et après avoir questionner avec langueur mais passion le jeune homme, le castrat se dirigea ver Moïra et, sans lui demander son accord, il prit sa main charmante et la désigna comme sa nouvelle compagne, après Kyle. Il posa une main sur son buste, ressentant les vibrations jusqu''entre ses côtes, y prenant beaucoup de plaisir.

    Langueur du premier amour,
    Volupté d'un jour!
    Et dans les bois
    Je vais, oublieuse,
    Et nulle voix
    Ne me rend joyeuse.
    J'ai froid au cœur et l'amour frivole
    A pris mon premier baiser.
    D'amour la chanson est folle,
    Pourquoi m'aimer?
    Comme le rêve
    Que l'aube achève,
    Comme le rêve,
    Que l'aube achève,
    Ah!


    L'aube s'achève et l'amour est triste. la voix se meurt en lamentations subtiles, toujours appliquées, tandis qu'Aloïs lâcha la main de sa dernière compagne pour retourner, lui le frivole comme l'amour de tout les hommes et de toutes les femmes, au centre de la pièce, avec une sérénissime attitude, sillonnant la pièce avec le calme d'un galion sur une mer paisible. Sans faillir dans son chant, sans peine. Sans difficultés, en vocalises périlleuses mais douces. Hélas alors, pourquoi donc l'aimer? Mais comme beaucoup de question sur l'amour, il y avait à peu près autant de réponses que de notes dans la Sérénade. Et c'est au milieu de cette pièce quelconque que le dernier castrat au monde termina son récital pour deux spectateur de marque.

    Tu fuis, volupté d'un jour,
    Hélas! sans retour!
    Hélas! pourquoi donc m'aimer?


    La voix d'Aloïs mourut comme une dernière plainte, sur une question insoutenable, qu'il s'appliqua à tenir puis relâcher pour la terminer comme évanescente. Toute douce, toute féminine. Sans aucune brutalité, s'effilochant comme un nuage au vent comme pour ne pas trop perturber son auditoire, ou le frustrer. Et sous le piano, sous la voix du castrat, personne n'avait entendu les petits bruits provenant des fenêtres de la pièce, où quelque chose s'amoncelait. Des toutes petites choses noires, au bas des fenêtres, provoquant des claquements répétés, mais inaudibles. Aloïs se tut finalement, saluant Kyle puis Moïra d'un geste lent, à la théâtralité consommé, reprenant doucement son souffle, le sourire au lèvres. Se redressant, il constata immédiatement ce qui toquait de plus en plus au fenêtre : des insectes amoureux attirés par son chant. Certains dans leur frénésie pour entrer dans la pièce s'étaient assommés voir même tués contre les vitres. Cependant la folie des petites créatures cessa avec la voix mélodieuse, et Aloïs, qui aurait du être surprit, n'eut même pas un haussement de sourcil. Ils avait que sa voix pouvait attirer ses petits et seuls amis.

    Mais il regretta juste qu'il y eut à déplorer tant de mort dans cette frénésie qu'il ne pouvait pas expliquer. Le majordome se retourna vers ses spectateurs, reculant de quelques pas pour pouvoir les voir tout les deux. Les noirs bataillons se retirent en laissant derrière eux leurs morts oubliés, et le visage d'Aloïs fut à cet instant très sombre, triste.

    Pourquoi l'affection devenait fascination et conduisait-elle ses amis ailés à la mort?
    Pourquoi donc l'aimaient-ils à ce point?

    Hélas, pourquoi donc l'aimer?
Aloïs Necker
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Message  Kyle McCarron Lun 15 Juin - 1:01

Une fois sa décision finalement prise le brun ne s’était plus intéressé aux deux autres personnes présentes. Il avait accordait son unique attention sur l’instrument qui faisait battre son cœur un peu plus vite. Avec précaution il avait ouvert le clapet et s’était assis devant lui. Frôlant les touches avec révérence avant de commencer à jouer. La musique s’élevait dans l’air. Avec lenteur et douceur, venant caresser les oreilles sensibles de tout les occupants. Elle n’était pas magnifique, extraordinaire, mais simplement belle, simple et vivante. Elle amenait cette magie qui lui était propre et qui fascinait toujours Kyle. Savoir que des gestes si simples de frôler des touches de piano faisait naître une musique si enchanteresse. Surtout que dans ce tableau il n’était pas le créateur, il n’était qu’un instrument de plus. La musique était primordiale, était créatrice. Ainsi que la voix qui vint se mariait à l’air initial.

Pourquoi chanter
L'amoureuse ivresse?
Pourquoi m'aimer?
Folle est ta tendresse!
Mon âme, un jour, s'endormit glacée
Après un ardent baiser.
La flamme meurt effacée;
Pourquoi m'aimer?
Comme un vain songe,
Un beau mensonge,
Comme un vain songe,
Un beau mensonge
Ah!


La voix de monsieur Necker était vraiment sublime. Toute en beauté et en finesse. Comme tantôt il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était là une voix de sirène : belle, enchanteresse. Capable de vous faire tout oublier, de vous envoûter jusqu’à que vous n’ayez plus qu’une envie, poursuivre et admirez cette voix jusqu’à la fin de votre vie. Qu’un homme puisse chanter d’une telle manière, plus magnifiquement encore qu’une femme, tenait presque du miracle. Et Kyle, concentré sur le piano, ne pouvait s’empêcher d’admirer du coin des yeux cet homme sui le désarçonnait et l’intriguait tant. En cet instant, plus que jamais il était l’incarnation même du mystère aux yeux du jeune McCarron.

Je garde l'ardent baiser;
Pourquoi donc m'aimer?
Aux corridas,
Dont Séville est fière.
Des Señoras
J'étais la première,
Et je riais quand à mon oreille
Un galant parlait tout bas.
L'amour toujours veille,
Il ma surprise, hélas!
Aveu timide,
Heure rapide,
Aveu timide,
Heure rapide,
Ah!


Le castrat, non content de chanter merveilleusement bien s’amusait en plus à jouer l’amoureux… avec lui en le regardant tout en chantant le couplet. En tout autre circonstance cela aurait très certainement gêné le jeune homme. L’aurait fait bafouiller, rougir, avant qu’il ne se reprenne difficilement. Mais pas en ce moment. Il regardait le chanteur et ne ressentait rien. Absolument rien. Et c’était là toute la beauté de la musique. Quand il jouait du piano il était impénétrable émotionnellement. Il déversait tout ce qui était en lui à travers les touches du piano. Et c’était une des raisons pour lesquels il aimait tant en jouer. Amour, trouble, gêne, admiration, tout ce qu’il aurait pu ressentir se déversait dans la musique, l’a rendant plus poignante, plus belle. Complétant à merveille la voix de l’androgyne. Tout du moins était ce l’impression qu’avait Kyle.

Langueur du premier amour,
Volupté d'un jour!
Et dans les bois
Je vais, oublieuse,
Et nulle voix
Ne me rend joyeuse.
J'ai froid au cœur et l'amour frivole
A pris mon premier baiser.
D'amour la chanson est folle,
Pourquoi m'aimer?
Comme le rêve
Que l'aube achève,
Comme le rêve,
Que l'aube achève,
Ah!

Tu fuis, volupté d'un jour,
Hélas! sans retour!
Hélas! pourquoi donc m'aimer?


Aloïs Necker n’était pas qu’un chanteur. Il occupait l’espace, jouait avec ses spectateur, vivait intensément son chant. Le voir, sous ses paupières à demi fermées, évoluait ainsi dans la pièce sans perdre son charisme ou de la puissance dans sa voix… c’était un spectacle dont on ne se lassait pas. Il s’était approché de miss Carron, l’avait aussi inclus dans sa chanson, prouvant par là son professionnalisme et son désir d’intégrer la jeune femme à cette sérénade. De plus, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la musique ne soutenait pas le chanteur, bien au contraire. Le piano ne faisait qu’accompagner monsieur Necker. Aurait il était absent que cela n’aurait pas changé grand-chose… Ainsi Kyle ne s'inquiétait plus de sa 'performance' ses mains jouaient toute seule et son regard restait fixé sur l'homme-sirène. néanmoins un évènement failli lui faire perdre une note, détruisant ainsi toute la mélodie. Des insectes bourdonnaient, se frotter aux vitres de la salles, se cognaient contre elles. Comme pris d'une frénésie que Kyle ne pouvait s'expliquer, tout comme il ne pouvait comprendre comment il était encore capable de jouer correctement devant une telle saine. C'était insensé ce comportement! Il n'y avait aucune raison pour qu'ils se collent ainsi aux fenêtres, comme s'ils souhaitaient envahir la pièce. C'était une idée impensable, ridicule! Le jeune McCarron ne pouvait que pensait que c'était un évènement bizarre, un de ces évènements qui avaient dû créer les rumeurs des villageois. Mais cela ne voulait pas pour autant dire que c'était la faute des habitants. Ce n'était qu'une coïncidence, n'est ce pas? Enfin la voix se tut, le piano aussi. Et les insectes se calmèrent, repartirent, sous le regard effaré et embrumé du brun et celui, triste, du chanteur.

Les mains de Kyle s’étaient arrêtées et celui-ci se sentait vidé. Mais serein. Débarrassé de tout excès de sentiment, apaisé malgré l'étrange évènement qui s'était produit. Jouer du piano était vraiment la seule chose qui pouvait lui procurer une telle paix. Sa tête semblait prise dans un nuage, comme s’il s’était drogué au bonheur. Le silence planait dans la pièce après cette merveilleuse prestation. Le jeune homme craignait de rompre l’instant en parlant, pourtant il avait besoin d’exprimer ce qu’il pensait. Ainsi, le regard clair et heureux de Kyle se posa sur le castrat.

« Vous chantez divinement bien Monsieur Necker. Vous possédez la voix d’une sirène, belle et envoûtante. Ce fut un honneur de jouer pour vous. »

" Néanmoins, je me demande ce qui a pu provoquer une telle frénésie de la part des insectes."

La dernière phrase avait été murmuré, étant juste une pensée intime exprimée à voix haute. Ce n'était pas une question posait à ses compagnons de salle, mais juste une constatation. Secouant quelque peu sa tête, le jeune McCarron se leva lentement. Son cerveau lui semblait toujours perdu dans le brouillard et il ne voulait surtout pas se mettre à faire un malaise. Cela n'aurait ait que contribué à l'étrangeté du moment, qu'il osait à peine qualifié d'inquiétant.
Kyle McCarron
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